Pour le cycle
des siècles
Puisque le monde
ne semble plus nous retenir
Et qu’il pourrait bien nous survivre,
Il nous
laisse, sans aucun scrupule ni rage,
Besogneux
futiles, partir en fumée.
Puisque le
monde s’est amusé de nous voir tout racheter :
Parcelles de
terre, d’espace et même de notre âme,
Il nous
laisse, sans aucune crainte ni désespoir,
Prier des
dieux qui lui sont inconnus.
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Puisque le
monde fera le ménage après nous
Et que d’autres
se succèderont pour l’habiter,
Il nous
laisse, sans taxe ni redevance,
Au bon soin
des chimères qui nous hantent.
Puisque le
monde est pour tout le monde
Et que rien
ne peut le remplacer,
Il nous
laisse, sans aucun regret ni rancune,
Par une porte
étroite, surprendre une lueur.
Puisque le
monde oublie même l’impensable
Et que nos
souvenirs nous seront confisqués,
Il nous
laisse, sans choix ni trace,
Nous effacer en
une Mère qui nous enfantera à nouveau.
Puisque le
monde est le « réseau » des corps et des âmes
Et que le
désir d’être en lien nous anime malgré tout
Il nous
laisse, sans préférence ni prévision,
Renouer des relations
pour s’inventer une mémoire vive.
Lama Shérab, mars
2022
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